LA SAINTE BIBLE DU CHANOINE CRAMPON
TRADUCTION D'APRES LES TEXTES ORIGINAUX
Du 25 mars 1960
AVANT-PROPOS
En 1893, Léon XIII publiait l'Encyclique Providentissimus Deus, où, tout en traitant de la question de l'inspiration des Livres Saints,
il donnait des règles et des directives pour les études bibliques.
Ce document du magistère ecclésiastique marquait le début d'une étape nouvelle dans l'histoire du problème de l'inspiration.
Il tendait, en outre, à mettre fin à des errements qui commençaient à se manifester :
il y était rappelé aux exégètes catholiques, dont certains s'aventuraient sur des chemins nouveaux,
que si les méthodes de la science critique moderne peuvent être librement appliquées à la recherche de la vérité
dans le champ des études scripturaires, ils ne devaient pas et ne pouvaient pas faire fi de la théologie
dans l'interprétation des textes sacrés.
De plus, un appel pressant était adressé à tous les croyants, pasteurs et fidèles, maîtres et élèves,
pour les inciter à étudier et à méditer l'Ecriture, source et instrument de la Révélation.
Mais encore fallait-il que cette source fût d'un accès facile pour tous, même ceux qui, faute de formation spéciale,
ne pouvaient lire la Bible que dans une traduction en langue vulgaire.
Sans doute, il existait pour le public de langue française des traductions estimées et estimables de la Vulgate latine,
version dont le Concile de Trente avait proclamé l'autorité en matière de doctrine, tant à cause de l'usage séculaire
qu'en avait fait l'Eglise romaine qu'en raison de sa conformité substantielle aux textes originaux;
mais, entre ces mêmes textes originaux et les traductions faites sur la Vulgate,
cette version officielle et vénérable s'interposait un peu à la manière d'un écran ou d'une tierce personne.
Il y avait intérêt et avantage à faire disparaître l'écran ou à supprimer l'intermédiaire.
C'est dans CE DESSEIN QUE LE CHANOINE A. CRAMPON, du diocèse d'Amiens,
publia La Sainte Bible traduite en français SUR LES TEXTES ORIGINAUX.
Le premier volume parut en 1894, un an après la promulgation de l'Encyclique Providentissimus Deus.
C'était une nouveauté plus inportante qu'on ne le croit communément,
et un fait très riche en conséquences immédiates et lointaines pour le progrès des études bibliques
dans les milieux de langue française. La date mérite d'être retenue, tout comme le nom de l'initiateur.
L'ouvrage, en sept volumes in-8°, publié entre 1894 et 1904, fut mis presque aussitôt à la disposition du grand public
sous forme d'une édition manuelle qui portait le même titre.
Il sortait des presses de la Société de Saint Jean l'Evangéliste, Desclée et Cie, Editeurs à Tournai.
La traduction du chanoine CRAMPON, ancien élève de LE HIR à Saint-Sulpice de Paris,
était une réussite : à la fois précise et claire, elle témoignait chez l'auteur
d'une CONNAISSANCE APPROFONDIE DES LANGUES BIBLIQUES
ET AUSSI D'UNE BELLE CULTURE LITTERAIRE.
Dans les Universités catholiques et les Séminaires,
elle contribua puissamment au progrès des études scripturaires,
et c'est surtout GRÂCE A ELLE QUE QUANTITE DE FIDELES, pendant un demi-siècle,
eurent un contact plus intime et plus personnel avec la Parole de Yahweh, transcrite par les auteurs inspirés.
Il convient de noter -cuique suum- que
plusieurs professeurs de la Compagnie de Jésus, équipe demeurée anonyme,
avaient aidé à la mise au point et à la publication de la grande édition et de l'édition manuelle de l'ouvrage communément
désigné par le nom de Bible de Crampon.
L'auteur était mort pendant l'impression du premier volume.
Tandis que les éditions se succédaient, les Editeurs demandèrent
à deux maîtres de Saint-Sulpice de procéder à une révision de la traduction première.
Des progès avaient été acquis dans le domaine des sciences bibliques,
et il y avait intérêt à en faire profiter les "usagers" de la Bible de Crampon.
Ce travail fut assuré pour l'Ancien Testament par J. TOUZARD, P.S.S., professeur à l'Institut Catholique de Paris,
interpète véhément des Prophètes, animateur explosif des études scripturaires,
hébraïsant de tout premier ordre.
E.LEVESQUE, P.S.S., professeur au Séminaire Saint-Sulpice de Paris,
exégète avisé dont l'érudition était aussi grande que le bon sens,
avait accepté de revoir la traduction des livres du Nouveau Testament.
La tâche était achevée au lendemain de la première guerre mondiale.
Ces deux maîtres ayant préféré l'anonymat, comme l'avaient fait avant eux les Pères de la Compagnie de Jésus,
la Bible de Crampon demeura la Bible de Crampon. C'était une seconde étape de son hisoire.
La troisième commence, et dans la claire lumière de l'Encyclique Divino Afflante Spiritu sur les études bibliques,
où S.S.PIE XII a recommandé avec une insistance marquée LE RECOURS AUX TEXTES ORIGINAUX.
Comme toute traduction, pour rester au point, doit être une création continue, les Editeurs, toujours soucieux de maintenir la qualité de l'ouvrage devenu pour ainsi dire classique, se sont tournés vers deux anciens élèves de J.TOUZARD et d'E. Levesque,
les priant de faire à nouveau ce que leurs maîtres avaient fait.
C'est ainsi que la traduction de l'Ancien Testament a été revisée par J.BONSIRVEN, S.J., professeur à l'Institut Biblique Pontfical
de Rome. Celui-ci a été suppléé dans cette tâche : pour la Genèse, par A. LEFEVRE, S.J. , professeur au Scolasticat d'Enghien
(BELGIQUE); pour les Psaumes, les Proverbes, et le Cantique des cantiques, par A. ROBERT, P.S.S., professeur à l'Institut
Catholique de Paris.
Comme il a semblé qu'il ne suffisait pas d'une simple revision
pour la traduction du Nouveau Testament, A. TRICOT, professeur honoraire,
à l'Istitut Catholique de Paris, a traduit le texte à nouveau.
Telle est, dans ses grandes lignes, l'histoire de la traduction française des Ecritures que les Editeurs Desclée et Cie
présentent sous le titre, consacré par l'usage, de Bible de Crampon.
Dans cette nouvelle édition les renvois ou références au texte de la Bible ont été considérablement enrichis;
en outre, ils sont dégagés des notes de bas de page et disposés dans une colonne médiane.
Le recours à ces références- verbales, historiques, littéraires, doctrinales, etc. -
facilitera dans bien des cas l'étude et l'intelligence du texte sacré.
Elles ont été établies pour l'Ancien Testament par M. CAUDRON (Lille) et M. AUGRAIN (Angers),
l'un et l'autre professeurs d'Ecriture Sainte;
pour le Nouveau Testament par M. TRICOT (Paris).
Commentaires personnels :
les cartes et plans ont été placés à la fin de la Sainte Bible, et les notes historiques montrent une connaissance
des évènements et de l'histoire.
Je les remercie d'avoir donner de leurs temps afin que nous profitions
aujourd'hui plus que jamais de tout leur savoir- faire inspiré par Yahweh.