57. (4)
1. Je lui demandai instamment de m'expliquer le sens symbolique du champ, du maître, de la vigne, de l'esclave qui avait clôturé la vigne, des pieux et des herbes arrachées de la vigne, du fils et des amis conseillers. Car j'avais compris que tout cela était une parabole.
2. Il me dit en réponse : "Tu es bien hardi avec tes questions ! Tu ne dois pas du tout poser de questions, dit-il, car si quelque chose doit t'être montré, il te le sera." Je lui dis : "Seigneur, tout ce que vous me montrerez sans l'expliquer, c'est en vain que je l'aurai vu et je n'en saisirai pas le sens. De même, si vous me dites des paraboles sans me les expliquer, c'est en vain que aurai entendu quelque chose de vous."
3. De nouveau il me répondit en ces termes : "Tout serviteur de Dieu qui a le Seigneur dans son cœur peut lui demander la compréhension et il l'obtient; et il peut alors s'expliquer n'importe quelle parabole et grâce au Seigneur tout ce qui est dit en paraboles lui devient compréhensible. Mais ceux qui sont nonchalants et paresseux pour la prière hésitent à demander au Seigneur.
4. Le Seigneur est miséricordieux et il exauce tous ceux qui le prient sans hésitation. Quant à toi qui as été raffermi par l'ange glorieux, qui as reçu de lui une telle prière et qui n'es pas paresseux, pourquoi ne demandes-tu pas au Seigneur - et ne reçois-tu pas de lui - la compréhension ?"
5. Je lui dis : "Seigneur, puisque je vous ai près de moi, c'est vous nécessairement que je dois prier et questionner. Car vous me montrez tout et vous me parlez. Si je voyais ou entendais cela sans vous, c'est au Seigneur que je demanderais de m'expliquer."
58. (5)
1. "Je t'ai déjà dit, reprit-il, et il n'y a pas longtemps, que tu es rusé et hardi pour demander l'explication des paraboles. Mais puisque tu es si persévérant, je t'expliquerai le sens symbolique du champ et de tout ce qui s'y rapporte, pour que tu puisses l'expliquer à tous. Entre donc, dit-il, et comprends
2. Le champ, c'est ce monde-ci et le maître du champ, c'est celui qui a créé toutes choses, qui les a organisées et qui leur a donné la force. Le fils, c'est le saint Esprit et l'esclave, c'est le Fils de Dieu; les vignes, c'est ce peuple qu'il a lui-même planté.
3. Les pieux, ce sont les saints anges du Seigneur qui retiennent son peuple. Les herbes arrachées à la vigne sont les iniquités des serviteurs de Dieu; les mets que du festin il a envoyé à l'esclave sont les commandements qu'il a donnés à son peuple par l'intermédiaire de son fils. Les amis et conseillers sont les saints anges créés les premiers. Le voyage du maître, c'est le temps qui reste jusqu'à la parousie de Dieu."
4. Je lui dis : "Seigneur, tout cela est grand, admirable et glorieux. Est-ce que j'aurais pu, Seigneur, dis-je, comprendre cela par moi-même ? Aucun autre homme non plus, même très intelligent, ne pourrait le comprendre. Expliquez-moi encore, Seigneur, ce que je vais vous demander.
5. - Parle, dit-il, si tu désires une explication. - Pourquoi, Seigneur, dis-je, le Fils de Dieu apparaît-il dans la parabole sous la forme d'un esclave."
59. (6)
1. " Écoute, dit-il, le Fils de Dieu n'apparaît pas sous la forme d'un esclave, mais avec grande puissance et souveraineté. - Comment, Seigneur, dis-je, je ne comprends pas.
2. - Puisque, dit-il, Dieu a planté le vignoble, c'est-à-dire qu'il a créé son peuple et l'a confié à son Fils. Et son Fils a constitué les anges gardiens des hommes de ce peuple. Et lui-même a purifié leurs péchés au prix d'un grand labeur et en supportant de grandes peines, car personne ne peut bêcher une vigne sans peine et sans fatigue.
3. Lui donc, après avoir purifié les péchés de son peuple, il leur a montré les sentiers de la vie en leur donnant la loi qu'il avait reçue de son Père. Tu vois, dit-il qu'il est le Seigneur de son peuple, puisqu'il a reçu plein pouvoir de son Père.
4. Quant au fait que le maître a pris son fils comme conseiller et les anges glorieux, au sujet de l'héritage à accorder à l'esclave, écoute.
5. L'Esprit saint préexistant, qui a créé toutes choses, Dieu l'a fait habiter dans la chair qu'il avait choisie. Cette chair donc, dans laquelle l'Esprit saint prit demeure, servit fort bien l'Esprit, en marchant dans la voie de la sainteté et de la pureté, sans souiller l'Esprit en aucune façon.
6. Elle s'était conduite dignement, saintement; elle avait pris sa part des labeurs de l'Esprit et avait collaboré avec lui en toute chose; elle avait vécu de fermeté et de courage : c'est pourquoi Dieu la choisit comme associée de l'Esprit saint. Car la tenue de cette chair avait plu à Dieu : elle ne s'était pas souillée sur terre pendant qu’elle tenait l'Esprit saint.
7. Il prit donc comme conseiller le fils et les anges glorieux pour que cette chair qui avait servi l'Esprit saint sans reproche, obtînt un lieu de repos et ne parût pas perdre le salaire de ses services. Car toute chair recevra sa rémunération, qui sera trouvée intacte et sans tache et où l'Esprit saint aura pris demeure.
8. Tu as ainsi l'explication de cette parabole."
60. (7)
1. " J'ai eu grand plaisir, Seigneur, dis-je, à entendre l'explication." - "Écoute maintenant, dit-il : garde ta chair pure et intacte, pour que l'esprit qui est venu habiter en elle porte témoignage en sa faveur et quelle soit justifiée.
2. Veille à ce que ne monte jamais à ton cœur l'idée que ta chair est périssable et veille à ne pas en abuser par quelque souillure. Si tu souilles ta chair, tu souilleras aussi l'Esprit saint; si donc tu souilles ta chair, tu ne vivras pas.
3. - Seigneur, dis-je, s'il y eut ignorance avant qu'on entende ces paroles, comment sera sauvé l'homme qui a souillé sa chair ? - Au sujet des ignorances antérieures, dit-il, Dieu seul peut donner la guérison, car il a tout pouvoir.
4. Mais désormais veille sur toi-même et le Seigneur, dans sa grande miséricorde, les guérira, si désormais tu ne souilles pas ta chair ni l'esprit. Car les deux vont ensemble et ils ne peuvent être souillés séparément. Garde-les donc purs tous les deux et tu vivras pour Dieu."
Similitude VI
61. (1)
1. Assis dans ma maison, je glorifiais le Seigneur pour tout ce que j'avais vu et à propos des préceptes, je découvrais qu'ils sont beaux, forts, joyeux, glorieux et capables de sauver l'âme de l'homme et je me disais : "je serai heureux si je marche selon ces préceptes et quiconque marchera dans cette voie sera heureux " (Ps 1,1-2; 119,1).
2. Pendant que je me dis cela, je le vois assis tout à coup à côté de moi et me disant ceci : " Pourquoi cette hésitations à propos des préceptes que je t'ai donnés ? Ils sont beaux. N'hésite en rien; au contraire, revêts-toi de la foi du Seigneur et tu marcheras dans leur voie. Car moi, je t'affermirai en eux.
3. Ces préceptes sont utiles à ceux qui font pénitence, car s'ils ne marchent pas dans cette voie, leur pénitence sera inutile.
4. Vous donc qui faites pénitence, rejetez les vices de ce monde qui vous anéantissent. Revêtus de toute la vertu de justice, vous pourrez observer ces préceptes; mais n'ajoutez plus rien à vos péchés. Et si vous n'y ajoutez rien, vous ferez tomber beaucoup de vos péchés antérieurs. Marchez donc selon ces préceptes et vous vivrez pour Dieu. Tout cela, c'est moi qui vous l'ai dit."
5. Après qu'il m'eut dit cela, il reprend : "Allons dans les champs, et je vous montrerai les pasteurs des brebis. - Allons-y, dis-je, Seigneur." Nous allâmes dans une plaine et là, il me montre un berger tout jeune, complètement vêtu de jaune.
6. Il paissait de très nombreuses brebis et ces brebis vivaient comme dans les voluptés et les délices; elles étaient joyeuses et bondissaient çà et là; et le berger lui-même était fort content de son troupeau; sa physionomie était toute joyeuse et il allait et venait parmi ses brebis. Je vis aussi d'autres brebis ensemble dans les délices et les voluptés; toutefois, elles ne bondissaient pas.
62. (2)
1. Il me dit : "Vois-tu ce berger ? - Je vois, Seigneur, dis-je. - C'est, dit-il, l'ange de volupté et d'erreur. Il anéantit les âmes des serviteurs de Dieu, de ceux qui sont vains - en les détournant de la vérité, en les trompant par des désirs mauvais, dans lesquels ils meurent.
2. Car il oublient les préceptes du Dieu vivant et marchent dans les erreurs et les voluptés vaines et ils vont à leur perte de par cet ange : pour les uns, c'est la mort, pour les autres, (seulement) la corruption."
3. Je lui dis : "Seigneur, je ne sais ce qu'est cette mort et cette corruption. - Écoute, dit-il. Toutes les brebis que tu as vues fort joyeuses et bondissantes, ce sont ceux qui se sont définitivement écartés de Dieu et qui se sont livrés aux passions de ce monde. Pour eux, il n'y a pas de pénitence qui donne la vie, car ils ont blasphémé le nom du Seigneur; pour eux, c'est donc la mort.
4. Celles que tu as vues paître dans le même lieu sans bondir, ce sont ceux qui se sont livrés aux voluptés et aux erreurs, mais sans aucun blasphème contre le Seigneur. Ils sont donc (seulement) corrompus loin de la vérité; pour eux existe un espoir de pénitence par quoi ils pourraient vivre. La corruption comporte donc un certain espoir de restauration, alors que la mort comporte la perdition éternelle. " 5. Nous avançâmes un peu et il me montra un berger de grande taille, sauvage d'aspect, entouré d'une peau de chèvre blanche, une besace sur l'épaule avec dans la main un très solide bâton à nœuds et un long fouet. Il avait le regard si sévère qu'il faisait peur : tel était son regard !
6. Ce berger recevait du tout jeune berger les brebis qui paissaient dans les délices et les voluptés, mais sans bondir, et il les poussait dans un lieu escarpé plein de chardons et d'épines, si bien qu'elles ne pouvaient s'en dégager : au contraire, elles s'y empêtraient.
7. Là, embarrassées, elles paissaient les chardons et les épines et elles souffraient beaucoup des écorchures que l'ange leur faisait. Il les chassait de-ci de-là sans leurs donner aucun répit : bref, ces brebis n'étaient jamais tranquilles.
Suite !
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